Samedi 18 avril, Mouldi, 30 ans, est au volant de sa moto à Villeneuve-la-Garenne (Hauts-de-Seine). Alors qu’il s’apprête à passer le feu tricolore, une voiture de police banalisée ouvre subitement sa portière. La moto n’arrive pas à l’éviter, Mouldi fait un vol plané et percute un poteau. Il est grièvement blessé à la jambe.
Selon des témoins, les policiers auraient délibérément ouvert la portière pour provoquer la chute du jeune homme.
Et son cas est loin d’être isolé. Ces dernières semaines, en dépit du confinement, les quartiers populaires ont été le théâtre de violences policières exacerbées.
Demandons aujourd’hui à Christophe Castaner de condamner les violences policières et de faire toutes la transparence sur les affaires en cours.
Le 8 avril, un homme de 33 ans meurt au commissariat de Béziers, dans l’Hérault. Le 24 mars, Sofiane, livreur, est violenté aux Ulis (Essonne) alors qu’il se rendait au travail. Le 16 mars, la jeune Ramatulaye reçoit un coup de taser à la poitrine et de nombreux coups de pied dans le fourgon qui l’emmène au commissariat. Et les vidéos de violences policières continuent de proliférer sur les réseaux sociaux : à Asnières, Grigny, Villeneuve-Saint-Georges, Torcy…
Pendant le confinement, l’ensemble de la population est confronté aux contrôles de police. Mais la différence de traitement entre les centre-villes et les quartiers populaires est criante : alors que les conditions de confinement y sont extrêmement difficiles et que les amendes de 200€ peuvent avoir un impact réellement tragique sur l’équilibre économique des familles, la présence policière y est particulièrement accrue et les contrôles sont extrêmement fréquents. Mais surtout, une simple interpellation peut devenir une confrontation brutale qui peut provoquer la mort ou des mutilations indélébiles.
Alors que ces quartiers subissent déjà une double précarité économique et sanitaire, ils deviennent également « des camps d’entraînement à ciel ouvert pour les policiers », explique Assa Traoré, militante et soeur d’Adama Traoré, mort aux mains de la police le 19 juillet 2016.
Les policiers ont-ils délibérément ouvert la portière pour provoquer la chute du jeune homme, samedi 18 avril ? Deux versions s’affrontent sur leur intention, et malheureusement les forces de police ont un lourd historique de violences étouffées au sein des quartiers populaires. De manière systématique, elles fabriquent une contre-version des faits à l’avantage de la police. Puis elles discréditent publiquement les victimes en instrumentalisant leur éventuel casier judiciaire. Elles attaquent alors juridiquement les victimes de violences, leurs familles et les témoins, pour les acculer économiquement et émotionnellement.
Dans les quartiers populaires, le Covid-19 tue. La police aussi. Cela doit cesser maintenant.